Trump triomphe. Le réveil s’impose.
Trump triomphe. Jour sombre pour l'Amérique et pour l'Europe. Face à l'Internationale réactionnaire, l'Europe doit se réveiller, combattre le déclassement social et sortir de sa naïveté.
NOTES DE BLOG
11/6/20246 min lire
Le réveil est douloureux : les Américaines et les Américains ont fait le choix de Donald Trump et de son projet.
Le réveil est douloureux, pour les Américains et pour le monde. Le triomphe de Donald Trump qui gagne le vote populaire, le collège électoral, le Sénat. Ce triomphe total, implacable, annonce des jours sombres pour tous. Nous sommes meurtris, nous nous inquiétons pour les femmes américaines particulièrement, nous sentons que le monde tangue. Mais ce résultat n’est pas une surprise. Il serait aberrant de dire aujourd’hui, comme nous le disions en 2016, que nous ne comprenons pas. Nous comprenons.
Ma génération s’est éveillée à la politique américaine avec l’élection de Barack Obama en 2008. Depuis, nous voyons se dérouler sous nos yeux l’effondrement de l’espoir d’une société plus juste, plus ouverte, plus tolérante, comme une inexorable et inarrêtable défaite. Le symbole de ce jeune et dynamique président n’aura pas suffi. C’est la défaite de nos démocraties, la défaite de générations de responsables politiques qui n’ont pas su entendre ou comprendre le vote de ceux qui se tournaient vers l’extrême-droite, par désespoir ou conviction. Ils n’ont pas voulu croire, ou voir, que tout cela venait de loin.
Aucune surprise.
Trump, par deux fois, a réussi à gagner.
Il gagne avec une campagne qu’il a choisi d’axer sur l'inflation avec une question simple, répétée sans relâche dans tous ses clips et ses meetings : «Vivez-vous mieux aujourd’hui qu’il y a quatre ans ?»
Il gagne sur la peur de l’immigration, sur la peur de l’autre sans pour autant s’aliéner l’entièreté des communautés afro-américaines et latino, dont le vote décroche chez les démocrates.
Il gagne avec une mécanique de campagne, qui fait le choix du masculinisme, le choix de la détestation des droits humains et du progrès.
Il gagne aussi grâce à la stratégie de la post-vérité, du complotisme, du fantasme d’une Amérique alternative, un monde à part, qui va contre les faits et la réalité. C’est une façon de faire campagne face à laquelle nous sommes encore partiellement démunis.
Aucune surprise encore.
Depuis des mois déjà, Elon Musk force toutes les portes, instrumentalise sa fortune pour se battre contre la démocratie, contre la rationalité, contre l’information juste et indépendante. Perdus dans une trop grande naïveté, certains n’y croyaient pas, mais nous le disons depuis si longtemps déjà : l’heure est au réveil. Les médias traditionnels sont dépassés, attaqués par la dérégulation des plateformes qui permettent à des hommes comme Musk aux Etats-Unis de diffuser leurs discours de haines sans entrave. Notre passivité leur permet de mener une guerre culturelle à ce que nous sommes.
C‘est donc un combat implacable que nous devons mener, pied à pied, pour gagner cette guerre culturelle.
Au sein de la commission Culture du Parlement européen, je me battrai pour que nous résistions et gagnions face à ces offensives. Je défendrai le financement indépendant des médias, la régulation des plateformes et le soutien à l’audiovisuel public. La culture est une zone d’affrontement idéologique qui ne dit pas son nom. Vice-présidente de la commission culture du Parlement européen, voilà ma ligne : rien pour Musk et ses congénères, tout pour la création, ce qui nous fait partager du commun et du beau.
La pauvreté, la désindustrialisation, l’économie, la vie chère, les inégalités qui se creusent. Tout cela permet à Trump de dérouler son discours “America First” en devenant un vote de toutes les classes, qui dépasse largement le vote des «désespérés» qui l’avait porté au pouvoir en 2016 .
Nous devons en Europe, comme nous l’avons dit pendant la campagne des élections européennes, assumer un projet majeur de réindustrialisation, qui consacrera notre autonomie stratégique face à la Chine, à la Russie et aux Etats-Unis, pour nos emplois et la justice sociale, pour notre santé et notre alimentation. Réindustrialiser, cela veut aussi dire acter la fin de la mondialisation heureuse et du doux commerce. Plus que jamais, l’Europe ne peut plus être l’idiot utile du village global et doit assumer le protectionnisme alors que la politique commerciale de Trump sera violente. Le même état d’esprit doit s’appliquer à notre politique de concurrence qui bride nos investissements communs alors que les Etats-Unis subventionnent massivement leurs industries. Enfin, il faut en finir avec le dépeçage de nos entreprises par l’Empire américain. Technip, Alstom, Doliprane : nous continuons de brader nos fleurons plutôt que de nationaliser ou de contrôler les investissements étrangers comme sait si bien le faire l’Oncle Sam. Sortons enfin de notre naïveté en matière économique !
Aucune surprise non plus en matière sociétale. Son racisme, son sexisme, nous le connaissons. Trump n’a pas gagné malgré son discours, il a gagné grâce à celui-ci, capitalisant sur les fractures d’une société polarisée.
Quand Trump attaquera à nouveau les droits des femmes, quand il attaquera une nouvelle fois les personnes noires et latinos, nous n’aurons pas le droit de seulement protester, il faudra agir. Il nous faut une Europe forte qui protège le droit à l’avortement partout, et déjà en son sein, qui adopte une veritable politique antiraciste, qui adopte un véritable plan de lutte contre les discriminations envers les personnes LGBTQIA+, en interdisant notamment les pratiques de conversions.
Nous n'avons plus le droit de parler béatement de rêve ou d'idéal européen sans réellement expliciter nos futurs projets. La vérité ou la raison seules ne nous sauveront pas. Il faut l'égalité réelle, des emplois stables, des laboratoires de recherche qui rayonnent, des entreprises solides, des services publics forts. Seule la réalisation concrète et juste de nos discours nous permettra de regagner la crédibilité qui fait si souvent défaut à la gauche et de sortir de la maladie du commentaire.
Opposons à Trump des actes plutôt que de vaines déclarations d’intention. Dans les commissions “droits des femmes” et “libertés fondamentales”, j’y veillerai. Nous devons porter un projet résolument laïque et universaliste, pleinement antiraciste et féministe, pleinement socialiste : ne cédons à aucune tentation réactionnaire, à aucune tendance identitaire.
Nous n’avons pas le droit à l’apathie. Le réveil de l’Europe est nécessaire. Le réveil de la gauche aussi, et de tous ceux qui croient sincèrement au progrès.
Le réveil de l’Europe doit aussi être géopolitique. L’Europe a fait le choix de demeurer un nain, rassuré par le parapluie américain et convaincu que le doux commerce était le meilleur moyen de pacifier les relations internationales. La réélection de Donald Trump sonne définitivement la fin de l’architecture de sécurité conçue après 1945. Il faut que l’Union mette fin à son impuissance. Alors que le soutien américain à l’Ukraine pourrait être fragilisé voire stoppé, l’Europe doit intensifier son soutien financier et militaire tout en construisant une véritable défense commune. Une politique qui s’appuiera sur une préférence européenne en matière d’achat d’armement. Il faut en finir avec la dépendance aux importations d'armes américaines.
Européens, nous savons que les attaques contre l’Etat de droit ne s’arrêteront pas aux frontières américaines. La victoire de Trump structure un axe qui déclare la guerre à ce que nous sommes.
Parlementaires, responsables politiques, citoyens engagés : nous ne pouvons ni être spectateurs, ni somnambules. Si nous voulons résister à cette Internationale réactionnaire, et au triomphe de la contre-révolution conservatrice, nous devons bâtir un rempart au sein du Parlement européen, nous affirmer comme une puissance politique forte, solidaire et souveraine.
Ne laissons ni Orban, ni Meloni, imposer leur agenda. Ne les laissons pas faire de nous des êtres passifs.
Cette Internationale réactionnaire, tant libérale qu’autoritaire, qui s’attaque à nos valeurs, à nos droits, ne peut pas gagner en Europe. La droite européenne ne peut plus être complice de ceux qui veulent nous attaquer, la gauche européenne ne peut plus être passive. Nous devons proposer, construire, résister, fermement et résolument. Au sein de la gauche, je me battrai pour que tous sortent de la naïveté, et que nous demandions la rupture avec ceux qui, par peur, lâcheté ou conviction, plaident l’union avec les adversaires de la démocratie.
Je le dis aujourd'hui à Ursula von der Leyen et à la Commission européenne : réveillez-vous ! Socialistes, réaffirmons que nous voterons contre toute Commission qui donnera à Raffaele Fitto, choix de Meloni, un rôle de vice-président exécutif. Nous avons besoin de clarté, de fermeté. Aucune complicité ne doit être permise face à la vision du monde que défendent Trump et ses alliés.
Les mois et les années à venir seront des années de combat. Nous ne serons ni fébriles, ni naïfs. Nous sommes conscients de l’ampleur du défi. Il est temps pour l’Europe de se lever, de renforcer sa cohésion, d’unir ses forces contre les régimes qui menacent nos principes fondamentaux. Nous devons être prêts à défendre ce qui nous est cher face à ceux qui prônent le repli sur soi.
Une génération se dresse. Notre enjeu : défaire les Bardella, les Orban et les Meloni.
Réveillons nous !
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